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541 articles

mardi 16 septembre 2025

À paraître : Écrire des micronouvelles percutantes

 

À paraître
À paraître




On peut écrire une histoire en très peu de mots. Ernest HEMINGWAY détient une sorte de record du genre, avec sa célèbre nouvelle en 6 mots : "For Sale, Baby Shoes, Never Worn" - "À vendre, souliers de bébé, jamais portés."

Je ne vais pas faire "mieux", puisque "L'astéroïde" (texte extrait de l'ouvrage ci-dessus) compte 80 mots :

L’ASTÉROÏDE

 

 Le verdict de la NASA avait été formel : un astéroïde géant allait s’écraser sur Terre et mettre fin à toute forme de vie terrestre.

 Ce n’était plus qu’une question de jours.

 À l’annonce de cette nouvelle, les combats cessèrent partout dans le monde.

 S’entre-tuer n’avait plus aucun sens.

 De façon spontanée, des scènes de fraternisation se multiplièrent sur la planète.

 Mais la NASA s’était trompée. L’astéroïde se contenta de frôler la planète bleue.

 Et les combats reprirent presque aussitôt.


Je présenterai ce livre MARDI 4 NOVEMBRE à 18H30, à la bibliothèque de VERETZ.

Cette présentation sera suivie d'un atelier d'écriture GRATUIT, pour celles et ceux potentiellement intéressés pour créer leurs propres textes.

Si vous envisagez de participer, vous serez les bienvenu(e)s !

N'hésitez pas à me faire signe en amont...

À bientôt


lundi 15 septembre 2025

samedi 13 septembre 2025

Règles de vie du temps qui passe (en projet)

 

Temps Qui Passe
Projet de couverture


« Si tu es mélancolique, tu vis dans le passé. Si tu es anxieux, tu vis dans l’avenir. Si tu es en paix, tu vis dans le présent. »

 (Lao-Tseu)


« Réalisez que le moment présent est tout ce que vous avez. »

 (Eckhart Tolle)



mardi 9 septembre 2025

LE PLUS BEAU ROMAN JAMAIS ÉCRIT : nouvelle couverture

 

Nouvelle couverture de livre
À découvrir !


Et voilà le pitch :

Pierre est un écrivain en devenir, auteur d’un premier roman, « L’envolée ».
Il participe à son premier salon du livre et incarne le jeune auteur candide, des rêves plein la tête.
Comme beaucoup d'autres, Pierre veut réussir en 
littérature. Pour commencer, il lui faut promouvoir son premier roman. Et il compte bien démarrer avec ce salon.

Malheureusement, les choses vont s’avérer plus difficiles que prévu.

Ne pouvant justifier d’un contrat avec un éditeur (il est auteur indépendant), il se voit relégué dans une salle annexe.
Où les visiteurs vont venir bien moins nombreux que sous le chapiteau principal.

Dans ce contexte, il va faire la connaissance de Benjamin CARBONNEAU – un auteur qui, lui, « vend à tour de bras ».
Il semble que Benjamin CARBONNEAU ait la recette miracle. Et qu’il soit prêt à la partager… en échange d’une rétribution, évidemment.

Que va décider Pierre ?

Existe-t-il vraiment « une recette » pour vendre ses livres ? 

À travers cette histoire, j'ai voulu aborder le thème de l'autoédition et ses promesses. En littérature comme dans bien des domaines, la concurrence est féroce. Nous sommes dans une époque de "profusion", où l'offre est bien supérieure à la demande.

Dans ce contexte, quantité de manuscrits de valeurs restent échoués à quai, refusés par les éditeurs.

L'autoédition est une porte de sortie comme une autre, une manière de survivre, de donner vie à son rêve, malgré tout. Mais quant à la difficulté de trouver des lecteurs (devrais-je dire : lectrices ?) - elle reste entière.

Ce qui ouvre grand la porte à tout un business autour de l'autoédition.



dimanche 7 septembre 2025

"Carnets de l'écrivain inexistant" de Daniel FLEURY

Couverture CARNETS
Journal de Daniel FLEURY



Ce blog n'a pas pour vocation première de chroniquer les livres d'autres auteurs ; cependant, rien ne l'interdit ! Et c'est avec grand plaisir que je vous présente ces "Carnets de l'écrivain inexistant" de Daniel FLEURY, dont je viens de finir la lecture.

Et que j'ai particulièrement appréciés !

 J’ai déniché ce livre par hasard, sur l’étagère d’une librairie. Je n’avais jamais entendu parler de Daniel FLEURY auparavant.

Les premières lignes de ces carnets datent de 2015. Daniel FLEURY tente alors - j'ai envie de dire : presque désespérément -, de trouver un éditeur pour son roman, "La poursuite en péniche du lac migrateur".
Né en 1947, il a alors 68 ans. Et c'est peu dire que les livres et la littérature constituent le fil rouge de son existence.

Même s'il a déjà publié un opuscule de 80 pages en 1992, aux Éditions Flammarion, il souffre de son "inexistence" d'écrivain - d'où le titre qu'il va donner à ces carnets, nourris (entre autres) de ses tentatives de publication, de ses travaux d'écriture, de ses réflexions sur la littérature et les "Grands Écrivains", de ses amitiés, ses rencontres et quantité d'anecdotes et péripéties sur la vie de tous les jours.

Sans oublier sa lutte, incessante, contre son addiction à l'alcool.

L'écriture de Daniel FLEURY s'avère fluide et captivante. C'est l'écriture d'un homme qui écrit avec sérieux, sans lui-même se prendre au sérieux. L'humour est omniprésent.

Un peu maladroit, voire empoté dans certaines situations (voir l’épisode de la Maison de la Poésie), l'homme ne cherche pas à dissimuler ses difficultés et se révèle particulièrement attachant.

Sur sa santé, j’ai trouvé étonnante la façon dont l’auteur de ces carnets s’obstine à se voiler la face. Daniel FLEURY passe régulièrement des examens, qu’il conclut le plus souvent par des phrases type « Tout va bien » ou « Je suis en bonne santé ». Alors qu’en parallèle, il note « Le moindre exercice physique […] m’accable. »

Écrivain, Daniel FLEURY l’est assurément. Mais c’est aussi un grand lecteur. Il achète quantité de livres, en commence un, deux ou trois en parallèle, tout en revenant « picorer » dans d’anciennes lectures (j’avoue, c’est ce que je fais aussi) – c’est un vrai fan de livres !

Je recommande vivement la lecture de ces "Carnets de l'écrivain inexistant". En premier lieu à toutes celles et ceux qui écrivent, bien sûr, mais aussi à toutes celles et ceux qui aiment les livres.

À travers les carnets de Daniel FLEURY se dessine de manière magistrale ce qu'est un écrivain. Le travail, l'exigence. Le doute, la remise en cause.

J’espère que ces carnets connaîtront le succès, Daniel FLEURY le mérite.

Même s’il n’en saura jamais rien.



jeudi 4 septembre 2025

FEMME À PETIT CHIEN

 Une fois n'est pas coutume, aujourd'hui je fais un bref retour en arrière avec une nouvelle, extraite de mon tout premier recueil chez Jacques Flament - recueil toujours disponible ici :


Couverture Instinct de survie



FEMME À PETIT CHIEN



 J’ai ouvert les yeux assis sur le siège de ma Bentley au milieu de nulle part, en plein désert. Les paupières encore brûlantes d’un mauvais sommeil, j’ai tenté de déplier mes jambes ankylosées, j’aurais bien voulu qu’il s’agisse d’un cauchemar mais non, tout ça était bien réel.

 Le jour se levait en mince liseré orangé sur la ligne d’horizon et je me sentais aussi frais qu’un gardon sorti de l’eau, abandonné sur la berge par un pêcheur négligent. Un coup d’oeil à ma montre, 6h43. Je venais de dormir quatre heures. Déjà une semaine que je tenais sur ce rythme, ça commençait à tirer dur. Et même un peu plus.

 La gorge aussi râpée que si j’avais mâché du papier de verre, je m’en suis quand même grillé une. Envie féroce d’un café noir. Noir et brûlant, avec des brioches sucrées. Et un bain chaud plein de mousse.

 Allongée en chien de fusil sur la banquette arrière, Miss Monde dormait toujours. Comment j’avais pu m’embarquer avec elle dans cette histoire de dingue ? La situation me dépassait complètement. Une seule certitude, s’ils nous rattrapaient, ils nous feraient la peau. Mieux valait éviter de stationner trop longtemps au même endroit. Alors j’ai allumé une clope au mégot de la précédente et j’ai enclenché le contact. Et vogue la galère !

 Le jour se levait, on aurait dit que le ciel s’enflammait au dessus des collines. Mon plan, c’était d’abord passer la frontière canadienne côté ouest puis traverser l’Ontario et poursuivre jusqu’à Trois-Rivières, j’espérais trouver une planque là-bas. Quand à Miss Monde, j’avais bien l’intention de la larguer à Vancouver, sitôt franchie la frontière.

 La route. Monotone. Des centaines de kilomètres de paysages arides et de rocailles sur fond bleu. Des endroits perdus où personne n’aurait jamais idée de poser un pied, sinon le temps d’aller pisser. Et encore, en faisant attention à ne pas marcher sur un crotale ou un truc dans le genre.

 Je pouvais rouler dix minutes sans croiser personne. De temps en temps, une station-service, un motel surgissait du néant. Des îlots de vie qui contrastaient avec le paysage désert. Bon Dieu, qui pouvait vivre dans des endroits pareils ?! Le soleil grossissait à vue d’œil, éclaboussait le pare-brise d’un flot de lumière crue. Je commençais déjà à ruisseler. Encore une journée torride en perspective.

- J’ai faim.

 Dans mon dos, la voix de Miss Monde.

 Manquait plus qu’elle !

- Moi aussi.

- Bon alors, t’attends quoi pour t’arrêter ?

- Vaut mieux essayer de prendre un maximum d’avance.

 Nos regards se sont croisés dans le rétroviseur.

- Tu veux ma photo ?

- Ça va, tu me parles autrement ! Je te signale qu’on est tous les deux dans la même galère alors essaie de te montrer un peu plus coopérative ! Tu connais le sens de ce mot, coopérer ?

- Tu me prends pour une conne ?

Ca s’appelait une perche tendue. J’ai pris.

- Je crois bien, ouais.

- Espèce de salaud ! Ca t’as pas suffi de tuer Jappy ?!

- Je l’ai pas tué.

- Si !

- Non.

 Je me suis dit fais un effort. Après tout, on devait encore faire un bout de route ensemble.

- Ecoute, si tu veux je t’en rachèterai un autre.

- Ce sera pas le même. C’est Jappy que je veux !

 Elle m’en voulait depuis que Jappy était mort. C’était pourtant pas de ma faute. Enfin… d’accord, ça se discutait. Jappy était passé sous les roues d’un camion lancé plein gaz en ligne droite. Autant dire qu’il n’en était pas resté grand-chose, sinon une bouillie pleine de poils. Jappy c’était son chien, un corniaud frétillant et baveux qu’elle serrait contre ses seins exactement comme si ç’avait été la huitième merveille du monde. L’accident remontait à deux jours. Je venais de stopper sur le bas-côté le temps d’une pause rapide, j’avais eu la mauvaise idée d’ouvrir la portière côté route. Jappy avait aussitôt bondi hors de la Bentley. Manque de bol, le camion était passé juste à ce moment-là.

 Il avait fallu récupérer les restes du corniaud et creuser un trou dans la terre sèche avec la pointe de mon couteau et 40° à l’ombre. Sauf que de l’ombre, il n’y en avait pas. J’avais transpiré comme une bête, Miss Monde avait pleuré le reste de la journée.

- On pourrait au moins s’arrêter manger quelque chose !

- Pas tout de suite.

- Mais alors quand ? Tu veux nous faire mourir de faim ou quoi ?

- Fume, ça passe l’envie de manger.

 Je lui ai balancé mon paquet de blondes et j’ai allumé la radio. Je crevais de faim moi aussi. Sans compter que j’aurais bien échangé six mois de ma vie contre une bière bien fraîche. Mais je savais ce qui se passerait s’ils nous retrouvaient. Ce qu’ils nous feraient. Et rien que de l’imaginer, ça me fichait tellement la trouille que j’écrasais la pédale d’accélérateur au risque de défoncer le plancher.

 Je ne sais pas pourquoi mais j’ai songé à mon grand-père. Le vieux avait cassé sa pipe depuis longtemps, je me suis souvenu qu’il m’avait donné deux conseils. Le premier concernait la pêche à la mouche et je l’avais complètement oublié. Le second touchait aux femmes.

« Petit, méfie-toi des femmes à petit chien. Une femme qui préfère la compagnie d’un chien à celle d’un homme, c’est une femme qui te causera des ennuis, tu peux être sûr ! »

 J’étais môme, je n’avais pas osé lui demander comment il savait ça.

 

 J’ai conduit jusqu’au point limite. Mes yeux se fermaient tous seuls, je n’en pouvais plus. Sans compter que je ne m’étais pas lavé depuis bientôt quatre jours – Miss Monde non plus d’ailleurs – et sans prétendre être un maniaque de la propreté, ça commençait à devenir un vrai problème. Je me suis résolu à m’arrêter au prochain motel. Après tout, eux aussi devraient faire des pauses.

 Le soleil déclinait quand j’ai aperçu la pancarte du FAMILY MOTEL. J’ai quitté la route pour emprunter un chemin caillouteux, le motel était à moins de cent mètres sur un terrain plat et sec. Aussi loin que portait le regard, une terre aride s’étalait à perte de vue. J’ai pilé dans un nuage de poussière.

 Le motel se composait d’une douzaine de bungalows au bois blanc délavé par le soleil. Poussés par le vent, quelques buissons d’épines paraissaient fuir un ennemi invisible. Cet endroit ne me plaisait pas vraiment mais j’aurais été incapable de rouler un kilomètre de plus. Je me suis péniblement extirpé de l’habitacle, je venais de prendre dix ans en une semaine. Sur la banquette arrière, Miss Monde était tranquillement en train de se farder.

- Tu viens ou quoi ?

- Une minute. Je me maquille.

- Ca va te servir à quoi ? Tu vois bien qu’il n’y a personne dans ce trou à rat !

 Ce n’était pas tout à fait vrai. Là-bas, un jeune type au poil roux semblait bricoler ce qui, de loin, ressemblait à une carcasse de vélomoteur. Il était le seul être vivant alentours et je me suis dirigé vers lui dans l’air encore poisseux de chaleur.

- Bonjour.

- ‘jour, a fait le rouquin, un jeune gars efflanqué aux mains noires d’huile et de cambouis.

 Vu l’état du truc à moteur, ce petit gars allait avoir bien du mal à lui redonner vie.

- On peut louer une chambre, ici ?

 Le rouquin m’a regardé de la même façon que si je lui avais demandé de m’expliquer la théorie de la relativité. Il a bredouillé un truc inintelligible en pointant du doigt l’un des bungalows. Je l’ai remercié et je m’y suis rendu.

 A l’intérieur, un vieux somnolait derrière le comptoir de la réception. Une casquette de base-ball vissée sur son crâne chauve, il avait la peau rouge brique et les rides du type qui a passé sa vie en plein soleil. Derrière lui, la porte entrebâillée laissait voir une grosse femme en train de manger un sandwich dégoulinant de ketchup. Captivée par le programme TV, elle n’a même pas tourné la tête dans ma direction.

- Bonsoir. Il vous reste une chambre de libre ?

 Le vieux a rigolé le temps de me montrer ses dents pourries.

- Vous plaisantez, j’ai pas un client depuis trois semaines !

 Nous allions être les seuls locataires. Pas l’idéal pour passer inaperçus mais bon… j’ai essayé de prendre la chose du bon côté.

- Dans ce cas, je vais prendre la meilleure.

- Elles sont toutes au même prix.

- Ça va, donnez-moi celle que vous voulez ! j’ai répliqué, découragé.

- Z’êtes tout seul ? m’a demandé le vieux tout en fouinant sous son comptoir à la recherche des clefs.

- Non, je suis avec… heu… ma femme. Nous sommes jeunes mariés.

 Miss Monde est entrée à cet instant et à la façon dont le vieux l’a regardée, j’ai cru qu’il allait avoir une attaque. En réalité, elle était autant Miss Monde que moi prof d’Université. Elle avait juste remporté un concours de tee-shirt mouillé au Québec mais c’était le style de fille à faire la couverture en papier glacé d’un magazine pour hommes. Du coup, c’est à elle que le vieux a tendu la clef. D’une main tremblante genre maladie de Parkinson.

- V’là m’dame ! C’est le bungalow du bout, le dernier. C’est celui où il y a le meilleur matelas, a-t-il ajouté en me regardant avec une sorte de rictus.

 Miss Monde s’est aussitôt tournée vers moi, toutes griffes dehors :

- J’espère que tu lui as demandé une chambre chacun !?

 J’ai essayé de rattraper ce qui pouvait encore l’être.

- On avait convenu que…

- Je me fiche de ce qu’on avait convenu ! Hors de question que je dorme dans la même chambre que toi !

 Le vieux en restait bouche bée. Quand à moi, ça ne me plaisait pas, le chacun chez soi. Pour dire la vérité et même si j’étais aussi crevé qu’un pneu réchappé, j’avais espéré une sorte de récompense style repos du guerrier. Après tout, les kilomètres c’était moi qui les avais alignés, non ?

- T’as peur que je parte avec la bagnole ? T’as les clefs, non ?

 Je n’aimais pas ça du tout. Je me suis tourné vers le vieux :

- Vous avez d’autres clients ?

- Non, m’sieur. Y a que moi, ma femme et Joey.

- Joey ?

- Il est dehors, vous l’avez sûrement croisé. Il a toujours rêvé d’être mécano, a ajouté le vieux en haussant les épaules.

 Après tout, qu’est-ce que je risquais ? Je gardais les clefs de la Bentley, je voyais mal Miss Monde s’enfuir en escarpins dans cette rocaille aride. Et puis quand bien même, qu’elle aille au Diable !

- D’accord, chacun sa chambre. Vous me réveillez demain à l’aube et je vous paie le double du prix, d’accord ?

- Compris, m’sieur !

 Miss Monde a pris ses clefs avec des airs de vierge effarouchée. Juste après avoir été chercher ses affaires dans la Bentley, il a fallu qu’elle aille dandiner du postérieur devant ce pauvre Joey ! Sans doute que ça devait l’amuser d’émoustiller ce petit gars.

 Pendant ce temps, j’ai négocié quelques bières et un repas équilibré avec le vieux – chips, salami et ketchup. Du coup, mon moral est remonté d’un cran et je suis parti plus léger dans mon bungalow.

 En fait de bungalow, il s’agissait d’une pièce miteuse avec un lit deux places au matelas défoncé et de gros moutons de poussière le long des plinthes. Vu l’état, le lino aurait remonté aux années cinquante que ça ne m’aurait pas étonné. En annexe, j’ai trouvé un minuscule coin douche avec lavabo et WC, le tout en moins de trois mètres carrés. Je n’étais pas en mesure de faire le difficile ; n’empêche, cet endroit ne me plaisait décidément pas.

 J’ai descendu une bière au goulot avant de prendre ma douche. Pas glacée mais presque. Dès que je tournais le robinet d’eau chaude, la tuyauterie se mettait à branler comme si tout allait exploser. Ensuite je me suis allongé sur mon lit où j’ai grignoté quelques chips en sirotant mes bières.

 La nuit est vite tombée et avec elle, mes dernières réticences à me livrer au sommeil. Bizarrement, les mots de mon grand-père me sont revenus en mémoire : « Ne fais jamais confiance aux femmes à petit chien ! » Juste avant de sombrer, j’ai réalisé que ma grand-mère ne se séparait jamais de son teckel nain. Et qu’aussi loin que je me souvienne, mon grand-père avait toujours eu l’air triste.

 

 Quand je me suis réveillé, la lumière du jour filtrait par tous les interstices des volets fermés, la chambre était déjà tiède. J’ai cherché ma montre sur la table de chevet – midi trente, l’horreur absolue ! J’ai battu le record du monde d’enfilé de pantalon et me suis précipité dans la fournaise du dehors. Le parking était désert. Ce qui, coincé dans ce trou à rat, équivalait à mon arrêt de mort.

 Inutile de regarder dans le bungalow d’à côté, je savais déjà que Miss Monde ne s’y trouvait plus. Mais bon Dieu, comment avait-elle fait pour démarrer la Bentley ? J’ai couru jusqu’à l’accueil. Le vieux était derrière son comptoir, je l’ai empoigné par le col de chemise.

- Vous deviez me réveiller à l’aube !

- J’y suis pour rien, m’sieur ! C’est vot’femme, elle m’a dit que vous vous étiez, heu… réconciliés. Qu’il fallait que je vous laisse dormir ou vous seriez pas content !

- Et la Bentley, comment elle a fait pour la démarrer, hein ?!

- C’est Joey qui l’a aidée. Je pouvais pas savoir…

 Joey, le mécano de mes deux ! Je comprenais maintenant pourquoi elle avait fricoté avec lui la veille au soir !

- Et où est-ce qu’ils sont maintenant ! Ne me dis pas que tu ne sais pas où est ton fils sinon…

- Mon… mon fils ?! Je… je n’ai pas de fils !

- Mais… Joey ?

- Joey, ce bon à rien ?! Je le connais à peine depuis trois jours ! Aucun lien de parenté avec lui, Dieu m’en garde !

 Les bras m’en sont tombés. Du coup, j’ai lâché le vieux.

- Heu… elle m’a dit de vous dire qu’il fallait pas vous en faire, quelqu’un va venir vous chercher.

- Quoi ?!

- Elle  a demandé à téléphoner, même qu’elle savait pas où on se trouvait. Alors je lui ai expliqué. Elle a laissé quelque chose pour vous.

 Je n’ai rien répondu, déjà cramé dans ma tête, pétrifié par cette évidence que je ne pouvais m’empêcher de me repasser en boucle : elle leur avait dit où j’étais

 Le vieux a posé quelque chose de rond sur le comptoir. J’ai écarquillé les yeux cinq secondes avant de comprendre ce que c’était. Un collier de chien.

 Celui de Jappy.

 Deux voitures noires ont pilé juste à ce moment-là sur le parking en soulevant un énorme nuage de poussière. Avant même que les types en sortent, j’ai su que j’allais passer un sale moment. Et que mon grand-père avait raison.

 Pour les femmes à petit chien.


mercredi 3 septembre 2025

"DÉSESPÉRÉMENT SEULE" : les critiques sont aussi sur BABELIO

Thriller
À découvrir !

Désespérément seule - Eric Scilien - Babelio

 Critiques, Analyses et Avis (5)

pradelsoph
30 juin 2025
THRILLER PSYCHOLOGIQUE

Désespérément seule
Eric Scilien

Un grand merci à Eric pour son renouvellement de confiance et d'offre de service presse, dans le cadre de ce nouveau partenariat.

J'ai adoré ce thriller psychologique qui tourbe autour de personnages féminins, forts et puissants, mais aussi très énigmatiques.

DÉSESPÉRÉMENT SEULE met en scène ces femmes qui n'ont pas d'autres choix que se battre, lutter contre l'égoïsme et la brutalité des hommes.
Jeune trentenaire, Morgane RÉGNIER est consultante dans un cabinet spécialisé en recrutement de cadres. Lors de ses entretiens, elle n'hésite pas à utiliser des méthodes peu orthodoxes, qui peuvent se révéler aussi brusques qu'expéditives.
Auréolée de mystère, solitaire et d'un caractère abrupt, elle se lie d'amitié avec Virginia, qui s'interroge sur les raisons de son célibat, sachant que Morgane ne manque pas d'attirer le regard des hommes.
La jeune femme va être amenée à lui dévoiler progressivement son passé. Et Virginia passera par tous les états émotionnels.
Si solitude, trahison, esprit de vengeance et quête de justice forment le cœur battant de ce roman, on y retrouve aussi la solidarité entre femmes, le refus de s'avouer vaincu(e) et la volonté de rédemption.
Le suspense y est omniprésent.
Oui, il s'est passé quelque chose de grave dans le parcours de Morgane. de grave et d'irréversible. La révélation de cet historique va, par un improbable effet de circonstances, directement impacter les protagonistes de cette histoire, bien au-delà de tout ce qu'ils (elles) auraient pu imaginer !
Il n'est pas certain que vous, lectrices ou lecteurs, ayez envie que Morgane devienne votre amie.
Il est possible que vous préfériez la tenir à distance.
Mais souvenez-vous d'une chose : si, comme Virginia, vous vous retrouviez au pied du mur et que vous cherchiez désespérément quelqu'un pour vous épauler et vous venir en aide, à qui feriez-vous appel ?
Qui serait susceptible de vous aider vraiment ? Sans rien demander en contrepartie, uniquement par solidarité féminine ?
La réponse tient en deux mots : Morgane RÉGNIER.
Parce que pour vous, Morgane trouvera toujours une solution.
Et dans n'importe quelle situation.

Un roman qui explore des thématiques profondes liées à la condition féminine, aux relations interpersonnelles et à la quête de justice. 

Morgane est une jeune trentenaire qui incarne la complexité féminine. Son travail de consultante en recrutement révèle un personnage à la fois pragmatique et audacieux, utilisant des méthodes non conventionnelles qui soulignent sa détermination et son caractère abrupt.

Son mystère et sa solitude attirent l'attention, mais aussi la méfiance. Elle représente une femme qui se débat avec son passé, ajoutant une couche de profondeur psychologique au récit.

Virginia, en tant qu'amie et confidente, sert de miroir pour Morgane. Sa curiosité sur la vie de Morgane et ses interrogations sur son célibat permettent de développer le caractère de Morgane et de dévoiler progressivement son histoire.

Le contraste entre les deux femmes souligne la solidarité féminine, mais aussi les questions de choix de vie, de trahison, et de rédemption. Cette dynamique amicale est centrale à l'intrigue.

Solitude et connexion : le roman aborde la solitude des femmes modernes face à un monde souvent hostile, tout en mettant en avant l'importance de la solidarité et de la connexion entre femmes. le lien entre Morgane et Virginia est essentiel pour naviguer les défis émotionnels de leur existence.

Vengeance et justice : La quête de Morgane pour faire face à son passé et chercher justice est un moteur narratif puissant. Cela évoque des réflexions sur les limites de la vengeance et les conséquences morales des actions.

Résilience : le refus de s'avouer vaincu par les circonstances est une thématique forte, soulignant la force intérieure que peuvent avoir les femmes face à l'adversité.

Suspense et tension :

Le suspense omniprésent dans le récit tient à la révélation progressive du passé de Morgane. Les lecteurs sont tenus en haleine, désireux de comprendre la gravité des événements qui l'ont marquée et comment cela influencera son avenir et celui des autres personnages.

Les conséquences des actions passées de Morgane créent une tension qui affecte non seulement sa vie, mais aussi celle de ceux qui l'entourent, notamment Virginia.

Moralité et questionnement :

La narration pose des questions morales sur l'amitié, la loyauté et le sacrifice. Morgane est un personnage complexe, ce qui peut amener le lecteur à se poser des questions sur les limites de l'empathie et de l'assistance entre femmes.

La réflexion finale sur qui on choisirait comme amie en période de crise amène une dimension introspective, invitant les lecteurs à évaluer leurs propres relations et leurs valeurs.

Note 4,75/5


Désespérément seule est un roman riche qui mêle suspense, émotion et réflexion sociale. Il offre une plongée dans la psyché féminine, explorant la solitude, la vengeance, la justice et la solidarité. La complexité des personnages et les thèmes abordés en font une œuvre qui résonne profondément avec les luttes contemporaines des femmes.

nathaliemillet65
01 septembre 2025
Un très bon roman qui se lit d'une traite qui parle de 2 femmes, de leur vie avec son lot de bonheur, déceptions, trahisons.
 Nous suivons Morgane, une femme de caractère qui aime décider , célibataire suite à un passé douloureux. Et il y a Virginia secrétaire, une des plus anciennes salariées d'un cabinet de recrutement dans lequel travail également Morgane. Virginia est mariée à Didier, un couple en pleine crise. 2 femmes qui vont se confier l'une à l'autre et se découvrir. Morgane, célibataire endurcie, cache derrière cette solitude un passé douloureux et de nombreux secrets. Virginia, elle, rêve d'autre chose, car elle n'est pas heureuse dans sa vie de couple, sa vie tout simplement.
 Au fil de notre lecture et au travers les dialogues confessions de ces 2 femmes, nous allons faire la connaissance d'autres personnages comme Francois, Alban, Didier, des hommes qui ont un rôle important dans la vie de ces femmes. Chaque protagoniste nous livre son point de vue sur la vie, les événements passés sans pour nous lecteur savoir qui dit la vérité. L'auteur aborde ici des thèmes sociétaux comme la solitude, la vengeance, la trahison et ce que cela a comme conséquences sur les personnes. La plume de l'auteur est fluide, agréable, rythmée. Une histoire qui parlera à beaucoup d'entre vous.
Lien : https://www.facebook.com/sha..


Babiespandora
09 juin 2025
La couverture est simple, le papillon représente la transformation et le renouveau. Nous allons en avoir pas mal durant notre lecture. Nous suivons deux personnages principaux Morgane et Virginia. La première a un lourd passé et beaucoup de secrets inavouables, elle est célibataire et ne compte pas se mettre en couple. La deuxième est mariée et a une fille, elle n'a rien à cacher, mais n'a pas la vie dont elle rêvait. Au fil des pages les deux femmes se découvrent. Ce roman est divisé en six parties. Chaque partie concerne un personnage. Nous découvrons comment les protagonistes ont vécu certains moments de leur vie ensemble. Un point de vue différent, nous ne savons pas lequel a raison. Le doute persiste jusqu'à la fin de l'histoire. La solitude est au cœur de ce livre. Elle peut être bienvenue par moment, mais peut devenir lourde et dure à supporter au fil du temps. Elle peut faire changer une personne, la rendre irritable, mal dans sa peau et dangereuse par moment. La trahison est également au cœur du roman, elle n'est pas non plus facile à encaisser. Et peut également changer une personne. Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, mais ça n'a pas gêné ma lecture, j'ai eu énormément de mal à cerner Morgane. J'aimerais beaucoup la découvrir dans le prochain roman pour voir si je me suis fait une bonne idée d'elle. La plume de l'auteur est agréable et fluide. Un roman avec une très bonne intrigue qui nous fait réfléchir jusqu'au dernier mot pour trouver ce qu'il s'est déroulé réellement.

Carla03024
14 juillet 2025
Ce livre se lit vite, pas seulement parce qu'il a 170 pages, mais parce qu'une fois que vous l'avez commencé, vous ne le lâchez pas.
En effet, j'ai voulu en savoir plus, encore plus ... et je voudrais encore continuer de découvrir Morgane.

Nous avons 2 personnages principaux, 2 femmes : Morgane, qui est consultante dans un cabinet de recrutement et Virginia, une collègue, qui va sympathiser avec elle.

On va comprendre rapidement le caractère de Morgane lors d'un entretien de sélection, même son collègue n'arrive pas à se parler.
Quant à Virginia, ce n'est plus l'apothéose dans son couple.. le temps passe, son mari est de moins en moins sympa, les remarques désobligeantes sont là...
Morgane va dévoiler ses secrets petit à petit à Virginia, en ne lui racontant pas tout...
Puis on avance et on se pose des questions...
En effet, les chapitres sont au nom du personnage qui parle et parfois, on va avoir une autre version des faits et ...
L'auteur sait nous tenir en haleine.

Bon franchement, Morgane pas trop envie que ce soit ma copine !

Un des thèmes principaux est la solitude, il y a aussi la trahison et la solidarité.
La plume est agréable.

Je vous laisse découvrir ce roman psychologique que j'ai pris plaisir à lire.
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commeunlivreouvert35
13 juillet 2025
On est en plein thriller psychologique où la femme prend une place prépondérante.

On fait la connaissance de Morgane, la trentaine, consultante dans un cabinet de recrutement, solitaire, qui va se lier d'amitié au fil des pages avec Virginia mariée et deviendra sa confidente.

Car progressivement, Morgane va lui dévoiler son passé et ses secrets.
Pour Virginia, Morgane est un point d'interrogation. Comment une belle femme comme Morgane peut-elle être célibataire et désespérément seule ?
Morgane nous montre une femme justicière des temps modernes.

Les thèmes abordés sont multiples et tendent à la réflexion sur la place aux femmes : trahison, vengeance, solitude, mais également solidarité, rédemption.

L'auteur nous tient en haleine jusqu'à la dernière page et nous fait douter à chaque instant.
J'ai aimé le découpage selon le point de vue des protagonistes.
Encore une belle découverte après avoir lu son roman "feel bad et ne m'oublie jamais" que je vous conseille aussi.
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